Une personne sur deux fera face à un traumatisme dans sa vie. Telles sont les statistiques. On subit de plein fouet des événements ravageurs. Nos certitudes disparaissent. Le sens que nous donnons à notre vie s’efface lui aussi. Il faudrait accepter et attendre. Pourtant, imaginez un bel arbre. À la suite d’un gel plus sévère qu’à l’accoutumée, il meurt. Mais lorsque vous vous approchez, une hache à la main, pour nettoyer la place, vous remarquez… que de nouvelles pousses font leur apparition. Et celles-là ne gèleront jamais. On n’arrête pas la vie : c’est la résilience. Qu’est-ce que la résilience chez les êtres humains ? Comment la préparer ? Comment vivre avec résilience ? C’est le sujet d’aujourd’hui.
Qu’est-ce que la résilience ?
À la suite d’un traumatisme, la personne concernée peut rester brisée ou se reconstruire. La résilience c’est ce processus de reconstruction qui permet de s’épanouir après un événement dont on aurait pu attendre des conséquences destructrices.
Les sciences physiques introduisent le principe de résilience pour décrire la capacité d’un matériau à absorber un choc puis à retrouver sa forme initiale. Alors, naturellement, on compare la résilience psychologique à une balle rebondissante : elle s’écrase sur le sol, se déforme puis reprend progressivement sa forme et remonte.
L’image est très parlante, mais elle montre toutefois une limite : si la balle reprend sa forme, les traumatismes, eux, restent gravés en nous. À l’instar de la balle, notre vie change de trajectoire mais ne s’arrête pas. Ce nouveau chemin peut nous mener vers des expériences aussi inattendues qu’épanouissantes. Encore faut-il pouvoir activer le processus de résilience.
La résilience est un processus. On ne peut pas dire qu’un humain soit ou ne soit pas résilient. C’est un cheminement, une transformation qui se mettra en place ou non. Et ce processus implique l’individu lui-même, mais également le traumatisme auquel il est confronté et son environnement. On peut entrer en résilience en réaction à certains événements et rester brisé pour d’autres.
La capacité à faire face, à l’inverse, est une qualité qui va permettre à une personne d’installer un mécanisme de bouclier pour se préserver du choc. La personne peut alors vivre des événements douloureux sans pour autant se retrouver brisée psychiquement.
L’adaptation est une notion très générique. Si la résilience est une forme d’adaptation à un traumatisme, toutes les adaptations ne sont pas pour autant de la résilience. Changer de plan à la suite d’un imprévu ne constitue pas de la résilience. Néanmoins, la notion de traumatisme doit être comprise avec précaution. C’est une notion personnelle et un événement anodin pour certains peut se révéler traumatisant pour d’autres.
Pourquoi un événement est-il plus traumatisant qu’un autre ?
Comprendre les mécanismes qui opèrent en nous, c’est un moyen de prendre du recul. On se libère de notre ressenti émotionnel pour entrer dans le système plus mécanique de la logique. Et ça aide à faire preuve de résilience.
Un événement sera d’autant plus traumatisant qu’il attaque nos certitudes ou notre système de valeur. Il sème le doute sur notre identité et sur notre avenir. Il crée un sentiment d’insécurité. La résilience, c’est retrouver la confiance en l’avenir.
Nous savons tous que nous allons mourir. Et pourtant, la mort reste un concept plutôt théorique. C’est loin, improbable, ça n’existe finalement que dans notre imagination. Mais ceux qui sont confrontés à la perte d’un être cher, à la maladie ou à un attentat prennent violemment conscience de la finitude de leur existence. Et c’est là que beaucoup de choses sont remises en question.
L’absence d’explication apparente accentue l’effet traumatisant. Des événements graves arrivent tous les jours sans changer la face du monde. Beaucoup de fumeurs souffrent d’un cancer du poumon. On se rattache à des explications et on se dit « ça devait arriver ». Mais si un enfant souffre de la même maladie, on ne comprend plus, la vie semble encore plus injuste. « Pourquoi lui ? Pourquoi moi ? ». Quand il n’y a pas d’explication, les certitudes disparaissent d'autant plus vite.
Un événement est d’autant plus difficile à surmonter qu’il intervient dans un environnement proche. Celui qui est agressé par un ami perd plus de repères que celui qui est attaqué par un inconnu. Celui qui subit un choc chez lui ne se sent plus en sécurité nulle part. Celui qui qui est en difficulté dans la rue ou à l’étranger peut espérer trouver un peu de paix dans son environnement familier.
Comment devenir plus résilient ?
Si la résilience n’est pas la qualité d’un individu, certains traits de caractère constituent néanmoins un terrain favorable pour refaire surface et surmonter les épreuves après des événements difficiles.
La capacité à analyser ses propres processus mentaux ou émotionnels permet de prendre du recul. Elle diminue la pression et nous aide à détecter les obstacles que nous ajoutons parfois nous-mêmes sur notre chemin, comme si les choses n’étaient pas déjà assez difficiles.
Les personnes qui possèdent des rêves gardent généralement le focus sur le futur. Les objectifs les aident à se détacher des événements. Bien sûr, les objectifs n’effacent pas le passé. Il s’agit simplement de multiplier les piliers sur lesquels nous construisons notre vie pour nous trouver moins déstabilisés si l’un d’eux devait s’effondrer.
Les résilients passent du statut de victime à celui de vainqueur. On peut changer le futur, pas le passé. On fait parfois durer la douleur en se demandant « pourquoi moi ? ». À l’inverse, passer à l’action produit un effet libérateur. On se dit alors « je vais faire en sorte que ce ne soit pas arrivé pour rien » ou « je vais donner un sens à mon histoire ». C’est souvent la raison pour laquelle les personnes qui ont affronté une grave maladie s’engagent dans la lutte contre cette maladie.
Vivre des événements horribles ne nous rend pas horribles. Nous ne sommes pas notre histoire. Celui qui sait qui il est, celui qui connaît ses valeurs peut exprimer le rejet de son vécu sans se rejeter lui-même.
Les gens de confiance qui nous tendent la main facilitent la résilience. Par effet miroir, les personnes qui mettent la solidarité et l’altruisme au centre de leur valeur sont beaucoup plus sûres de trouver de l’aide lorsqu’elles en ont besoin. La confiance en soi et l’estime de soi permettent également de croire en l’avenir. Ils donnent envie d’avancer.
Finalement, l’environnement dans lequel nous évoluons peut favoriser la résilience. Un entourage ou une famille qui nous transmet de la chaleur humaine, de l’amour et de la sécurité peut combler le déficit de certitude dans lequel se trouvent les personnes traumatisées. Et si cet entourage est à l’écoute, il permettra d’extérioriser les ressentis et de rassurer.
Pour exprimer ses ressentis, on s’aperçoit qu’écrire est plus efficace que parler. C’est un processus plus lent et précis qui nécessite d’aller chercher des réponses ancrées au fond de nous. Et l’art (le dessin par exemple) permet d’aller chercher des réponses encore plus profondes grâce à des mécanismes proches de l’hypnose.
On ne peut pas réécrire le passé. Un événement douloureux ne sera jamais joyeux. Mais s’il faut payer le prix fort, on peut se demander comment faire pour que ces situations ne soient pas arrivées pour rien. La résilience c’est s’appuyer sur notre vécu pour développer une nouvelle vision de la vie. Parce que la vie change mais ne s'arrête pas.
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À votre Succès Jo
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